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Philosophiques.

tincts. C’est en développant ces raisons que le sceptique déploie sa force, ou plutôt qu’il découvre sa foiblesse & la nôtre : c’est en s’y prenant de cette façon qu’il semble détruire, au moins pour un tems, toute assurance & toute conviction. On pourroit donner plus d’étendue à cet argument, si l’on avoit lieu de s’attendre à en voir résulter quelque bien réel & durable pour la société.

L’objection principale, & la plus terrassante, contre le scepticisme outré, c’est que, tant qu’il subsiste dans toute sa force & sa vigueur, il n’en peut revenir aucun avantage qui soit de durée. Nous n’avons qu’à demander à un tel sceptique ; quelle est son intention ? Et ce qu’il se propose par toutes ces recherches curieuses ? Il se trouvera arrêté tout court, & ne saura que répondre. Le docteur qui professe le systême de Copernic, & celui qui enseigne celui de Ptolomée, maintiennent chacun leurs dogmes particuliers d’astronomie, parce qu’ils peuvent espérer de produire dans leurs auditeurs une conviction constante & durable. Le stoïcien & l’épicurien proposent des principes, qui