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non seulement peuvent durer, mais qui, outre cela, influent puissamment sur la conduite & sur les mœurs. Au lieu que le pyrrhonien ne sauroit alléguer en faveur de sa philosophie, ni qu'elle ait une influence permanente sur l’esprit humain, ni que cette influence fût avantageuse, si elle l’avoit. Il doit convenir, au contraire, si tant est qu’il puisse convenir de quelque chose, que si ses principes prévaloient universellement & constamment dans le monde, ils entraîneroient la ruine de la vie humaine, que toute conversation, toute action devroit cesser, & que l’homme n’auroit qu’à s’ensevelir dans une léthargie totale, jusqu’à ce que les besoins de la nature, qu’il ne pourroit satisfaire, missent fin à sa misérable existence. Il est vrai qu’on n’a pas grand sujet d’appréhender une catastrophe aussi funeste : la nature dominera toujours sur ces principes. Le pyrrhonien peut exciter, en lui-même ou dans les autres, une surprise passagere, un trouble momentané ; mais le premier événement de sa vie, & l’événement le plus trivial, fera évanouir tous ses doutes & tous ses scru-