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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 4, 1788.djvu/108

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Dissertation.

Il est évident qu’aucune des loix que l’on observe dans la composition, n’a pu être découverte en raisonnant a priori : ces loix ne sont point de ces conséquénces abstraites que l’entendement tire des rapports éternels & immuables des idées ; leur fondement est le même que celui de toutes les sciences pratiques, l’expérience ; ce ne sont que des observations générales sur ce qui a plu dans tous les siecles, dans tous les pays. Plusieurs des beautés de la poésie, & même de l’éloquence, empruntent leur éclat de la fiction, de l’hyperbole, de la métaphore, de phrases détournées de leur signification naturelle : gardez-vous bien de réprimer ces saillies de l’imagination, en réduisant chaque terme à la vérité & à l’exactitude qui regnent dans les livres des géometres ; ce seroit pécher contre les premiers préceptes de l’art critique, ces sortes d’ouvrages sont universellement sifflés comme maussades & insipides. Mais quoique la poésie ne puisse s’assujettir à la vérité rigoureuse, elle a pourtant ses regles, que le génie découvre, ou que l’observation enseigne : si