Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 4, 1788.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
Dissertation.

Si l’on réfléchit sur la grande ressemblance qu’il y a entre le goût spirituel & le goût corporel, il sera facile de faire l’application de ce conte. Quoiqu’il soit certain que le beau & le laid n’existent pas d’avantage dans les objets que le doux & l’amer ; & que toutes ces qualités n’ont également leur existence que dans le sentiment interne ou externe ; il faut pourtant qu’il y ait dans les objets des choses propres à produire tel ou tel sentiment ; or, comme ces choses peuvent s’y trouver en petite quantité ou bien être mêlées, ou comme délayées les unes dans les autres, il arrive souvent que des ingrédiens aussi subtils ne frappent point le sentiment, & que l’on n’est point affecté de chaque goût particulier, mêlé & confondu avec le goût total. Lorsqu’un homme a les organes d’une finesse à qui rien n’échappe,

    sérieuse, & que l’on ne reproche à M. Hume d’avoir péché contre la regle du goût, dans l’endroit même où il veut l’établir. On ne fera pas le même reproche à M. de la Motte, qui l’a mis en fable : il est-là fort à sa place : c’est le propre de la fable de cacher les vérités les plus importantes sous des images communes & familieres. R. du T.