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sur la regle du Goût.

même les plus polis, les vrais connoisseurs sont si rares. Un sentiment vif & délicat, joint à l’exercice, perfectionné par l’habitude de comparer, libre de tout préjugé, ces qualités, dis-je, réunies constituent le vrai juge ; & la décision unanime de ces sortes de juges, par-tout où on la rencontre, forme ce que nous appellons la regle du beau, ou le principe du goût.

Mais où trouver de pareils juges ? à quelle marque les reconnoître, comment les distinguer des prétendans à faux titres ? Questions embarrassantes, & qui semblent nous replonger dans la même incertitude, dont le but de cette Dissertation étoit de nous delivrer.

Cependant, à bien prendre la chose, ces questions ne regardent pas le sentiment lui même, mais un fait. On peut disputer si tel ou tel homme a du bon sens, de la délicatesse, de l’imagination, l’esprit vuide de préjugés ; mais tout le monde tombe d’accord que ce sont-là des qualités estimables, que ceux qui les possedent méritent de la considération. Dans les cas douteux il n’y a