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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 4, 1788.djvu/24

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Réflexions.

c’est l’association des impressions, ou des émotions de cet esprit. Toutes les impressions qui se ressemblent sont liées : dès que l’une a paru, les autres suivent : le chagrin que nous cause un dessein manqué produit la colere ; la colere traîne l’envie à sa suite ; l’envie fait naître la haine, la haine reproduit le chagrin : de même une joie excessive qui s’empare de nos ames se change naturellement en amour, en générosité, en courage, en orgueil & en toutes les passions qui ressemblent à la joie.

Notre troisieme remarque c’est que ces deux sortes d’associations s’entr’aident, & se prêtent mutuellement des forces : lorsqu’elles concourent dans le même objet, le passage se fait plus promptement. Un homme qu’une injure reçue met de mauvaise humeur trouve par-tout des sujets de haine, de mécontentement, d’impatience, d’inquiétude, & d’autres passions désagréables ; sur-tout s’il peut découvrir quelque chose d’approchant, dans la personne, ou près de la personne qui a été l’objet de son premier mouvement. Ici les principes qui