Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 4, 1788.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
sur les Passions.

ancêtres dont leur postérité tire son lustre, à cause de la liaison qu’elle a avec eux : tout ce qui rend cette liaison plus étroite doit donc accroître l’orgueil à qui elle sert de fondement ; & tout ce qui l’affoiblit doit aussi diminuer cette passion : or on ne sauroit douter que l’idée d’une jouissance non interrompue des mêmes possessions ne renforce la relation d’idées qui résulte du sang & de là parenté, & que par ce moyen l’imagination ne passe, avec plus de facilité, de génération en génération, des ancêtres les plus reculés à leurs héritiers, & jusqu’à leurs derniers descendans. Par-là le sentiment se conserve mieux dans sa totalité, si j’ose me servir de cette expression, & produit, par conséquent, un plus haut degré d’orgueil.

Il en est de même des biens & des honneurs transmis par la ligne masculine. C’est une propriété de l’imagination de s’arrêter à tout ce qui lui paroît important & considérable ; lorsqu’un grand objet se présente à côté d’un petit objet, elle s’attache toute entiere au premier : c’est pour cette raison que les enfans portent le nom de leur pere,