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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 4, 1788.djvu/52

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Réflexions.

au contraire, nous fait desirer le malheur de l’objet haï, & nous fait souffrir en pensant qu’il est heureux : ces desirs opposés paroissent être essentiellement unis à ces deux passions ; ainsi l’a voulu la nature, c’est tout ce que nous en savons.

4. Nous compâtissons souvent au sort d’un malheureux, sans avoir pour lui ni estime ni amitié : la compassion est la peine que nous causent les souffrances d’autrui ; il semble qu’elle doive son origine à une conception forte de ces souffrances ; notre imagination s’élève, par degrés, de l’idée vive au sentiment réel de la misere des autres hommes.

Il en est de même de la malice & de l’envie : quoiqu’il soit évident qu’elles tendent au même but que la colere, & la mauvaise volonté ; elles ne sont pourtant pas toujours précédées de la haine ou du ressentiment : elles naissent de la comparaison de notre état avec celui des autres, plus ils sont infortunés, plus nous sommes contens ; il nous semble que nous gagnons à leur malheur.