Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 4, 1788.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
sur les Passions.

des objets. Nous n’avons point de notion d’une liaison réelle, tout ce que nous savons, c’est que certaines idées sont associées dans notre esprit, & que l’imagination passe facilement de l’une à l’autre : nous avons vû d’ailleurs que le passage qui se fait d’idée en idée, & celui qui se fait de sentiment en sentiment, nous avons vû, dis-je, que ces deux sortes de passage s’entr’aident ; d’où l’on peut déjà présumer que ce principe de transition doit avoir beaucoup d’influence sur toutes nos affections, & sur tous les mouvemens de notre ame : & l’expérience est d’accord avec cette théorie.

Pour ne pas répéter les exemples précédens, arrêtons-nous à celui-ci. Je parcours, avec un compagnon de voyage, une contrée où nous sommes tous deux étrangers : elle nous offre des perspectives riantes, des routes commodes, des campagnes industrieusement cultivées : cela m’inspire de la joie, & me met de bonne humeur vis-à-vis de mon compagnon, mais comme cette contrée n’a de rapport à aucun de nous deux, elle ne peut me donner ni de l’amour propre, ni