marquer par rapport au désespoir & à la sécurité ; la même chose produit aussi des effets contraires. L’absence augmente ou diminue les passions, selon les circonstances dont elle est accompagnée. M. de la Rochefoucault a fort bien observé qu’elle détruit les passions foibles, renforce les grandes passions, tout comme le vent éteint une bougie, & rend les flammes d’un incendie plus terribles. Une longue absence affoiblit naturellement nos idées, & par-là diminue les passions correspondantes ; mais lorsque ces passions sont assez vives pour subsister par elles-mêmes, les peines de l’absence leur donnent une nouvelle impulsion.
8. Lorsque nous nous appliquons à faire une action, ou à concevoir un objet auquel nous ne sommes pas accoutumés, nous sentons un certain défaut de souplesse dans nos facultés : nos esprits animaux ont de la peine à couler dans cette nouvelle direction ; mais cette peine même les agite, elle est l’origine de l’admiration, de la surprise, & de toutes les émotions que nous cause la nouveauté : cette difficulté nous procure