Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 4, 1788.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
Réflexions.

une espece d’agrément, attaché à tout ce qui anime l’esprit dans un degré modique ; cependant, comme la surprise nous cause des agitations, elle doit, selon nos principes, augmenter les peines aussi bien que les plaisirs : aussi cela arrive-t-il : tout ce qui est nouveau nous affecte d’avantage, c’est-à-dire plus agréablement, ou plus désagréablement, qu’il ne devroit le faire : à mesure que nous le revoyons, la nouveauté s’use, les passions s’appaisent, le mouvement des esprits se rallentit, & nous le regardons d’un œil plus tranquille.

9. L’imagination est bien étroitement unie aux affections ; sa vivacité fait leur force. De là vient que dans la recherche des plaisirs nous sommes plus portés vers ceux qui nous sont familiers que vers d’autres, beaucoup plus grands, dont nous ne connoissons pas bien la nature : c’est que nous pouvons nous former une idée nette & déterminée des premiers ; au lieu que des seconds, nous ne savons autre chose, si ce n’est en général que ce sont des plaisirs.

Un plaisir que nous avons goûté depuis