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Essais

intelligible, ce qui est évident, ce qui est probable, ce qui est vrai, n’obtient qu’un consentement froid de la part de l’entendement, & en satisfaisant notre curiosité, met fin à nos recherches.

Eteignez tous les sentimens qui échauffent en faveur de la vertu, tous les dégoûts que fait naître le vice, rendez les hommes totalement indifférens sur ces distinctions, la morale ne sera plus une étude de spéculation, & ne tendra plus à régler notre conduite & nos actions.

Ces raisonnemens, dont on s’appuie de part & d’autre, & que l’on pourroit augmenter par beaucoup de semblables, sont si plausibles, que je suis tenté de croire qu’ils sont également solides & satisfaisans, & de soupçonner que la raison & le sentiment se réunissent dans presque toutes les déterminations morales. Il y a tout lieu de penser que l’arrêt définitif, qui décide si un caractere ou une action sont aimables ou odieux, dignes de louanges ou de blâme, qui leur imprime le sceau de l’honneur ou de l’infamie, de l’approbation ou de la censure, qui fait de la