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de Morale.

excité l’amour, & que l’autre ait produit la haine ? Or, quelle autre cause peut-on donner de ces sentimens qu’on éprouve, sinon la disposition primitive de nos organes & de nos facultés intellectuelles, formée par la nature pour les recevoir ?

Le but de toutes les spéculations morales est de nous apprendre nos devoirs, de nous montrer la difformité du vice & la beauté de la vertu, pour nous engager à éviter l’un & à suivre l’autre, & pour faire naître en nous des habitudes analogues à cette disposition. Mais peut-on attendre ces effets des conséquences tirées par notre entendement, puisqu’elles ne peuvent se soumettre nos affections, ni émouvoir les facultés actives de l’homme ? Le raisonnement fait découvrir des vérités, mais lorsque ces vérités sont indifférentes, & qu’elles ne font naître ni desir ni répugnance, elles n’ont gueres d’influence sur notre conduite. Ce qui est honorable, ce qui est beau, ce qui est décent, ce qui est noble, ce qui est généreux saisit notre coeur, & nous excite à l’embrasser & à nous y tenir attachés. Ce qui est