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Dialogue.

il paroît que nos voisins ont sacrifié quelques plaisirs domestiques à l’amour de la société, & qu’ils préferent l’aisance, la liberté & un commerce ouvert à la fidélité exacte & à la confiance. Ces deux vues sont bonnes, mais elles sont difficiles à concilier. Est-il surprenant que les usages des nations panchent tantôt d’un côté & tantôt d’un autre ?

L’attachement inviolable aux loix de son pays est regardé partout comme une très-grande vertu, & dans les pays où les peuples ne sont point assez heureux pour avoir d’autre pouvoir législatif que celui qui réside dans un seul homme, la soumission la plus parfaite est alors le vrai patriotisme.

Il est certain que rien n’est peut-être plus absurde & plus barbare que les duels, mais ceux qui s’efforcent de les justifier prétendent qu’ils maintiennent les égards & la politesse. On peut observer en général qu’un homme, qui s’est souvent battu en duel, fait parade de son courage, de sa probité, de sa fidélité & de son amitié, qualités qui sont en lui très-singuliérement dirigées, mais qui ont toujours mérité l’estime des hommes.