Les dieux ont ils défendu l’homicide ? Un Athénien vous répondra qu’il faut s’en abstenir. Dieu l’a-t-il permis ? Un François vous dira que la mort est préférable à l’opprobre & à l’infamie.
Vous voyez donc, continuai-je, que les principes de la morale, sont partout les mêmes, quoique les conséquences que les hommes en tirent soient souvent très-différentes. Il n’est point du ressort du moraliste de décider s’ils raisonnent plus juste là-dessus que sur toute autre chose, il suffit que les principes originaires de la censure ou du blâme soient uniformes, & que les conséquences erronées qu’on en tire, puissent se rectifier par des raisonnemens plus justes & par une plus grande expérience. Plusieurs siecles se sont écoulés depuis la chûte de l’empire d’Athenes & de Rome. Il est arrivé de grandes révolutions dans la religion, dans les langues, dans les loix & dans les usages, aucun de ces événemens n’a produit plus de changement dans les sentimens primitifs de la morale que dans ceux de la beauté extérieure ; on ne trouvera dans ces deux choses