regles d’ordre & de conduite. Mais si jamais cet état de guerre & de violence a pu exister, il faut convenir que les loix de la justice ont dû y être suspendues comme absolument inutiles. À mesure que nous diversifierons notre coup-d’œil sur la vie humaine, & que nous l’envisagerons sous de nouveaux points de vue, nous aurons lieu de nous convaincre de la vérité de l’origine que nous avons assignée à la justice.
Supposons qu’il se trouvât parmi nous une espece d’êtres qui, quoique hommes raisonnables comme nous, eussent une force d’esprit & de corps si inférieure à la nôtre, qu’ils fussent incapables d’opposer aucune résistance, ni de marquer les effets de leur ressentiment, lors même qu’ils seroient le plus vivement offensé, je crois que par une conséquence naturelle nous serions obligés, en vertu des loix de l’humanité, de traiter ces êtres avec douceur ; mais à parler strictement nous ne serions retenus à leur égard par aucun lien de justice, & ils ne pourroient avoir sur rien ni droit, ni propriété assez fondés pour en exclure leurs maîtres. Notre commerce,