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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/218

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Essais

tiere si pleine d’incertitude, Je dirois que malgré les efforts que fait la France, il y a un vice pernicieux au commerce, enraciné, pour ainsi parler, dans la nature même du gouvernement absolu, & qui en est inséparrable. La raison qui me le fait croire, est un peu différente de celle qu’on allegue communément.

Dans une monarchie civilisée, comme le sont les monarchies européennes, les biens des particuliers sont à-peu-près aussi assurés aux propriétaires qu’ils pourroient l’être dans une république. On n’y est gueres exposé à des violences de la part du souverain, & l’on n’a pas plus de sujet de les craindre que les effets de la foudre, les tremblemens de terre, ou d’autres événemens des plus extraordinaires. L’avarice, que l’on peut appeller l’aiguillon de l’industrie, cette passion si opiniâtre, accoutumée à se faire jour à travers tant d’obstacles, & à affronter tant de périls réels, s’épouvanteroit-elle d’un péril imaginaire, d’un péril si léger, qu’à peine pourroit-on l’évaluer ?

Si donc le commerce est sujet à décheoir