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Moraux et Politiques

raisons, de sûreté commune, de commerce ou de gouvernement rassemblent presque journellement, ne peuvent pas manquer de se former les unes sur les autres, et de prendre cette ressemblance qui ajoute le caractere nationale au caractère personnel, propre à chaque individu.

Mais quoique la nature varie à l’infini les humeurs & les esprits, elle ne les varie pas dans les mêmes proportions : il y a dans toutes les sociétés de la valeur & de la lâcheté, de l'industrie & de la paresse, de la douceur & de la brutalité, de la sagesse & de la folie ; mais la dose de ces qualités n'est pas la même : Or les qualités, dont la dose est la plus forte dans l'origine de la société, sont celles qui s’imbibent le plus, & qui donnent la teinte au caractere national. Ou si l'on veut supposer que dans ces sociétés, quoique d'abord fort resserrées, aucune de ces qualités ne domine sur les autres, & qu'elles soient toutes en équilibre ; au-moins est-il certain que les gens en place, & ceux qui sont au timon des affaires, qui forment un corps encore plus petit, n’auront pas tou-