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Moraux et Politiques

ment. L’administration suivante est encore maintenue par force : & si le peuple y acquiesce, ce n’est pas librement, c’est parce qu’il le faut bien ; il ne s’imagine pas même que son consentement puisse donner un droit au souverain : cependant il consent, parce qu’il pense qu’une longue possessiona acquis au prince ce droit tout-à-fait indépendant du choix & de la volonté des sujets.

On dira peut-être qu’en vivant dans les états d’un souverain, qu’on est libre de quitter, on s’engage tacitement à respecter son autorité & ses loix. Je réponds que ce consentement implicite ne peut avoir lieu que lorsque nous nous croyons en effet avoir la liberté de choisir. Mais lorsque nous pensons, comme le pensent tous les hommes nés sous un gouvernement établi, que notre naissance même nous oblige à nous soumettre à ce gouvernement, i| seroit absurde de parler d’un choix ou d’un consentement auquel nous renonçons en termes exprès, & que nous abjurons, pour ainsi dire, dans notre serment de fidélité.

Peut-on affirmer sérieusement qu’un pau-