vre paysan, qu’un artisan qui ne connoît ni les langues ni les mœurs des pays étrangers, & qui vit au jour la journée de ce qu’il gagne par son travail, peut-on dire qu’un tel homme soit libre de quitter son pays natal ? J’aimerois autant dire qu’un homme que l’on a embarqué pendant qu’il dormoit, reconnoît volontairement l’autorité du capitaine du vaisseau ; & pourquoi non, n’a-t-il pas la liberté de sauter dans la mer, & de se noyer ?
Mais que sera-ce si le souverain défend aux sujets de quitter ses états ? Dans les tems de Tibere on fit un crime à un chevalier Romain d’avoir voulu se sauver chez les Parthes, pour se soustraire à la tyrannie de cet empereur[1]. Chez les anciens Moscovites il étoit défendu sous peine de mort de voyager ; & si un prince remarquoit qu’un grand nombre de ses sujets prît la fantaisie de sortir du pays, & de se transplanter ailleurs, la raison & la justice même deman-
- ↑ Tacit. Ann. VI, cap. 14.