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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/397

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Moraux et Politiques

deroit qu’il y mît ordre, & qu’il empêchât ses états de se dépeupler. Est ce qu’une loi aussi raisonnable & aussi sage dispenseroit les sujets de l’obéissance ? & cependant il est sûr que cette loi leur ôteroit la liberté de choisir.

Une société d’hommes, qui abandonneroient leur pays natal, pour peupler quelque région déserte, pourroit s’imaginer avoir recouvré la liberté naturelle, mais ce ne seroit qu’un beau rêve : ils se verroient bientôt réclamés par leur souverain, & traités de sujets jusques dans leur nouvelle habitation ; & en ceci le souverain n’agiroit que conformément aux notions les plus communes.

Le consentement tacite le plus valide que l’on puisse se figurer, c’est celui d’un étranger qui vient s’établir dans un pays dont il connoît d’avance le souverain, le gouvernement & les loix ; & cette sujettion, quelque volontaire qu’elle soit, a pourtant moins de force que celle d’un sujet né. Bien au contraire, son souverain naturel réclame toujours le droit qu’il a sur lui, & si, en cas