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sur l’Argent.

qu’un état peu riche en especes d’or & d’argent ne peut jamais être puissant, quoique sa population soit nombreuse & que son sol soit fertile & bien cultivé. Les différentes observations que j’ai mises sous les yeux de lecteur, doivent le détromper de ce préjugé, & le convaincre qu’il est absolument indifférent à un état, consideré en lui-même, de posséder plus ou moins d’especes. L’abondance des hommes & des denrées constitue seule la force réelle d’une société ; elle ne peut être affoiblie que par les mœurs & la façon de vivre du peuple, qui, en resserrant l’or & l’argent dans un petit nombre de mains, en empêche la circulation ; l’industrie & le luxe les incorporent, au contraire, quelque médiocre qu’en soit la quantité, dans toutes les classes de l’état, parce qu’alors tous les particuliers en possedent une petite portion, & que par une suite nécessaire les marchandises & les denrées diminuent de valeur ; ce qui donne au souverain le double avantage de faire contribuer ses sujets en or & en argent, & de se procurer plus de denrées & de marchan-