Aller au contenu

Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
Essai

roit été entiérement privé, s’ils n’avoient eu d’autre occupation que la culture de la terre ; mais n’y a-t-il pas d’autre moyen d’employer ces bras superflus ? Le souverain n’est-il pas le maître de les prendre à son service, & de les enrôler dans ses flottes & dans ses armées, pour faire des conquêtes & se rendre redoutable aux nations les plus éloignées ? Il est certain que les manufacturiers de marchandises de luxe sont dans la dépendance des propriétaires des terres & des cultivateurs, dont les besoins & les désirs décident de leur occupation. Ils sont absolument inutiles dans les pays où le luxe est inconnu ; les productions de la terre qui pouvoient être employées à leur subsistance y servent à entretenir des flottes & des armées, qui peuvent être maintenues sur un pied bien plus considérable que dans les pays où le luxe des particuliers exige un grand nombre d’arts. Il semble donc qu’il existe une espece d’opposition entre la puissance des états, & le bonheur des sujets. La puissance d’un état n’est jamais plus grande que lorsque tous les bras inutiles sont employés