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ESSAI
D’ARITHMÉTIQUE POLITIQUE,
SUR LES PREMIERS BESOINS DE L’INTÉRIEUR DE LA RÉPUBLIQUE[1]

Je suppose, d’après les calculs les plus exacts, que la France contient 25,000,000 d’individus, répandus sur une surface de 105,000,000 d’arpents de 100 perches carrées, la perche a 22 pieds ou 3 2/3 toises.

Cet arpent, qu’on appelle le grand arpent, est un carré dont le côté est de 36,666 toises, et son contenu en toises carrées est de 1343,95[2].

La lieue de 25 au degré est de 2281,08 toises, en prenant 57,027 toises pour la longueur du degré moyen. Ainsi la lieue contient 62,222 fois le côté de l’arpent, et la lieue carrée contient 3871,65 arpents.

Par conséquent l’étendue de la France en lieues carrées est de 27,126,47 : divisant ce nombre par celui des habitants, on a 921,60 pour le nombre moyen des habitants d’une lieue carrée.

Je rapporte ce résultat, parce qu’il peut servir à faciliter la comparaison de la population de la France avec celle des autres pays, qui est ordinairement rapportée, ou qui peut se rapporter aisément à des lieues carrées, la lieue étant une partie donnée du degré, qui est la même pour toute la terre, abstraction faite de la petite inégalité provenant de la non-sphéricité.

On suppose ordinairement le nombre des femmes égal à celui des hommes ; mais le tableau de la population dressé par Lavoisier, donne 217,746 hommes de plus que de femmes, sur les 25,000,000 d’habitants de la France.

Ce tableau me fait voir de plus, que 1/3 des habitants est au-dessous de 15 ans, et que le second tiers est au-dessous de 36 ans. Suivant des tables de mortalité, dressées en Allemagne, le premier tiers va jusqu’à 17 ans, et le second jusqu’à 37.

Considérons maintenant les besoins de cette société de 25,000,000 de citoyens, et arrêtons-nous d’abord à ceux de première nécessité.

Ces besoins sont : 1° la nourriture ; 2° le vêtement ; 3° l’abritement, ce qui comprend aussi le chauffage et la lumière.

Nous allons commencer par la nourriture. Elle est de deux sortes, végétale et animale.

  1. Cet essai est du célèbre de Lagrange ; sa modestie voulait en cacher l’auteur. Je n’ai obtenu la permission de le nommer, qu’en lui montrant la profonde conviction que j’ai de l’utilité de son nom pour le succès de l’ouvrage et de l’utilité de l’ouvrage pour la chose publique. (Note de Rœderer.)
  2. La virgule sépare les parties décimales des entiers, suivant l’usage reçu.