Page:Hume - Essais, 1847.djvu/629

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme notre dessein n’est que de donner un aperçu et des valeurs moyennes, nous ne ferons pas l’énumération des différents objets qui servent à la nourriture des hommes ; mais nous réduirons d’abord toute la nourriture végétale aux grains qui se cultivent en grand, et même à une seule espèce moyenne que nous nommerons simplement blé, et qui comprendra le blé-froment, le seigle et l’orge, qu’on mange en pain.

Par la même raison, nous réduirons toute la nourriture animale à la viande de boucherie, qui comprend celles de bœuf, de vache, de veau, de mouton et de porc ; mais nous aurons aussi égard au fromage, qui forme une partie considérable de cette nourriture.

Nous réduirons de même toute la boisson au seul vin, dont la consommation surpasse infiniment celle des autres boissons, telles que la bière, le cidre, etc., etc. Cette réduction est fondée sur la nature de la chose ; car on peut regarder les autres objets de nourriture, soit végétale, soit animale, comme tenant lieu d’une quantité de blé ou de viande qui contiendrait à peu près autant de matière nutritive. Il est clair qu’ils ne doivent entrer dans le calcul de la nourriture, qu’à raison de leur valeur nutritive ; et si on connaissait cette valeur pour chaque objet, on pourrait le convertir tout de suite en blé ou en viande. Relativement aux objets de nourriture générale et ordinaire, je crois qu’on ne se trompera pas beaucoup, eu supposant leur valeur nutritive proportionnelle à leur prix. Ainsi on pourra prendre à peu près une demi-livre de fromage sec comme l’équivalent d’une livre de viande. Nous ferons surtout usage de ce principe dans l’évaluation de la consommation de Paris[1].

Cela posé, la question est réduite à déterminer à peu près la quantité moyenne de blé et de viande nécessaire pour la subsistance de la République.

Je ne vois que trois manières de parvenir à cette détermination :

1° Par la ration qu’on distribue aux troupes ;

2° Par la consommation des villes fermées où il y avait des registres d’entrée ;

3° Par l’évaluation des produits annuels de toutes les terres cultivées en grains ou en pâturages, la somme de ces produits étant supposée égale à la consommation annuelle, c’est-à-dire, en faisant abstraction de toute importation ou exportation.

Voici les résultats que ces trois moyens peuvent fournir :

La ration est, pour chaque combattant, de 28 onces de pain et d’une demi-livre de viande : je ferai ici abstraction de l’eau-de-vie et du vinaigre, qui font aussi partie de la ration, parce que ces deux objets ne

  1. L’auteur de ce Mémoire m’a dit, en preuve de cette proposition, qu’il avait vérifié que le poids de douze œufs, est égal au poids d’une livre de viande, et se vend généralement au même prix. (Note de Rœderer.)