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Page:Huot - Le bien paternel, 1912.djvu/11

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pas fière de te voir le premier partout. Si tu savais, mon cher enfant, combien de fois j’ai prié pour toi pendant que tu t’échinais sur tes livres là-bas, au Séminaire. Des fois, le soir, je n’en pouvais plus d’avoir sarclé toute la journée, alors j’offrais ma fatigue au Bon Dieu pour toi. Mais tu sais, franchement, mon Henri, je ne pensais pas que c’était pour faire un avocat que tu te faisais quasiment mourir à travailler. Des avocats, va ! c’est comme les chicanes, il y en a toujours trop ! Je pensais que tu ferais un prêtre, vois-tu ! Tout d’un coup, v’là que tu décides à prendre l’avocasserie. Ça m’a fait de la peine, va ! Je me disais : Pourquoi donc qu’il ne vient pas avec nous autres s’accoutumer à travailler sur la terre pour prendre la place du père ? C’est si beau, la terre ! Ça sent si bon, le matin, là, quand on se lève à la p’tite rosée, avec un soleil qui vous ravigote et des p’tits oiseaux qui chantent partout ! Je suis pas comme nos voisins, eux autres, qui parlent toujours de la ville et des messieurs de la ville. Ils ont beau dire, tes petits messieurs de la ville, ils seraient pas grand’chose si on ne leur donnait pas de farine pour cuire leur pain. Et dire que ça croit nous insulter en nous appelant