l’avait supplié alors de rester à la maison pour prendre plus tard la place du père, Henri Michel s’était lancé, fou d’ambition, dans l’étude du droit.
Marie Latour avait encore présente à la mémoire cette scène du 21 juin, qui lui avait brisé le cœur. Tous les détails étaient là, devant ses yeux. Il me semble le voir rentrer à la maison, pensait-elle en ce moment, chargé de prix. Le père est aux champs. Henri m’embrasse, tout fier de sa brassée de beaux livres. Je souris tristement. Il réprime à peine un mouvement d’impatience. La mère et le fils sont un instant sans rien se dire. Enfin, Henri, rompant un silence pénible :
— Pourquoi, maman, n’êtes-vous pas contente de mes succès ?
Oh ! comme la pauvre mère, en ce jour de sombres pressentiments, à la veille peut-être de les voir se réaliser, se souvient de chacune des paroles qu’elle dit alors à son fils aîné, très vite, sentant que l’heure était propice, mais que ce ne serait qu’une heure :
— Écoute, mon cher enfant. Tu as vingt et un ans ; on peut te parler comme à un homme. Dire que je ne suis pas contente de tes prix, je ne serais pas une mère si je n’étais