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— C’est la vérité.

— Que me veut-il ?

Et les yeux de Henri Michel brillèrent au moment où il prononçait ces paroles. Songez donc ! c’était à son rival, Arthur Labranche, que le hasard d’une rencontre sur la rue Saint-Jean, en cet après-midi de juin, avait réservé la tâche, rendue moins agréable par la jalousie, de prévenir Henri que le premier-ministre désirait le voir. Sans trop savoir ce que lui réservait le chef du cabinet, Michel, après avoir triomphé de Labranche aux examens de fin de cours, sentait renaître son insatiable ambition rien qu’à l’annonce d’un nouveau succès.

— Tu as entendu dire, comme nous, reprit Labranche, que le premier ministre veut placer son secrétaire actuel.

— Et tu crois qu’il pense à moi pour le remplacer auprès de lui ?

— Je l’ai entendu dire, il n’y a pas une demi-heure.

Henri Michel avait toujours détesté la fausse modestie. Il était ambitieux, mais avec un fonds de rude franchise. Il ne crut donc pas nécessaire de se confondre en platitudes devant son confrère.

— Merci du renseignement, dit-il simplement. Au revoir !