Page:Huot - Le bien paternel, 1912.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 9 —

les ressources de son talent à enlever le grand prix de fin de cours à son rival, Arthur Labranche, le fils du Juge Labranche. « Ah ! ah ! s’était dit Henri Michel, on m’a appelé “habitant” au collège et à l’Université. Je vais leur montrer ce que peut faire un fils d’habitant ! »

Jérôme Michel savait tout cela, et il était fier de son fils. Toute l’année durant, les livres de prix de ce dernier restaient ostensiblement rangés sur la table de la « chambre ». Et c’était toujours une nouvelle joie pour le père Michel de les faire voir aux parents et aux amis les jours de fête.

La mère, elle, éprouvait une joie beaucoup moins vive des triomphes de Henri. Toujours, depuis que son fils était dans le droit, elle avait nourri le secret espoir de laisser un jour la ferme au seul de ses enfants capable de la cultiver. Son regret de le voir partir pour le Séminaire avait fait place au désir de voir son fils monter un jour à l’autel, — honneur qu’en bonne mère canadienne-française, elle mettait avec raison au-dessus de tous les autres. Malheureusement, Henri s’était trouvé à la fin de son cours classique sans vocation sacerdotale, et, malgré les larmes de sa mère qui