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CHAPITRE I

LE CONSEIL DE GUERRE


Dans l’été de 1687, au fort Cataraqui, établi sur l’emplacement actuel de la ville de Kingston, un conseil de guerre fut convoqué pour délibérer sur le plan de la campagne que l’on devait bientôt ouvrir contre les Iroquois, ennemis invétérés et infatigables des colons de la Nouvelle-France.

Le conseil était présidé par M. le marquis de Denonville, gouverneur-général de la province. C’était un homme encore dans la force de l’âge, et sous son air soucieux et sombre, une expression de douceur venait tempérer un aspect un peu sévère. Il s’était distingué par des actes de grande bravoure sur les champs de bataille de l’Europe, et ses manières polies et distinguées lui avaient valu une réputation que lui enviaient les hommes les plus éminents qui brillaient à la cour du « Grand Monarque ». Mais, comme d’autres gouverneurs de colonies, il ne connaissait que bien peu et bien imparfaitement les affaires intérieures de la nation qu’il avait charge de gouverner. En matière de gouvernement, il était plus fort sur la théorie que sur la pratique. Il formulait d’excellents préceptes sur les devoirs du gouverneur d’une colonie, mais il était lent dans l’application de ses principes. Il ne savait pas saisir le moment de faire des concessions ni celui d’agir avec vigueur. Il n’avait pas l’énergie morale nécessaire pour maintenir en équilibre la balance de la justice entre les Iroquois ennemis et son royal maître. À cette cause l’on doit attribuer une des plus terribles catastrophes consignées dans les annales de la Nouvelle-France, annales si fertiles en épisodes émouvants.

M. de Callières, un brave vétéran qui, depuis près d’un quart de siècle, avait contribué à maintenir la gloire militaire de la France sur