Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

bons poètes ; ce sont elles, ce sont ces écoles (pourquoi pas !) qui renouvellent la création poétique. L’histoire littéraire est là pour le prouver : nous avons l’école de Marot, l’école de Ronsard, puis l’école de Malherbe, puis Corneille et Rotrou, c’est encore une école ! puis Racine, Boileau, La Fontaine, toujours une école ! Nous avons (je passe sur le dix-huitième siècle, qui n’a pas de poésie) l’école romantique et l’école parnassienne. Nous avons maintenant l’école symboliste qui est une école comme toutes les autres écoles d’où sortirent tant de poètes dont les Muses françaises s’honorent. Je sais qu’on rencontre aussi, mais pas souvent, l’exemple d’un précurseur isolé comme Chénier, mais cela ne prouve rien.

Maintenant, dans chaque école il y a quelques poètes qui ont du talent, ce qui est bien, et beaucoup qui n’en ont pas, ce qui est très naturel. Mais j’insisterai sur ceci : chaque fois qu’une nouvelle manifestation collective fait preuve de vitalité, c’est que la manifestation antérieure est usée et devient malfaisante pour le renouvellement de l’esprit créateur en art ; appelez ça mouvement, manifestation ou école, c’est indifférent. Mais appelons ça École, c’est plus court et plus net. Et puis n’est-ce pas puéril de chicaner sur des mots et de faire l’esprit indépendant à peu de frais ?

— Quelle signification donnez-vous au mot symbolisme ?