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ENQUÊTE

La liberté la plus grande : (qu’importe le nombre du vers, si le rythme est beau ?) l’usage de l’alexandrin classique suivant les besoins ; la composition harmonieuse de la strophe, que je considère comme formée des échos multipliés d’une image, d’une idée ou d’un sentiment qui se répercutent, se varient à travers les modifications des vers pour s’y recomposer.

— À votre sens, l’évolution poétique, pour aboutir, a-t-elle besoin d’un renouveau de la langue ? Et que pensez-vous de la Renaissance romane ?

— Je crois que la langue, telle qu’elle est, est bonne. Pour ma part, je m’attache, au contraire, à n’employer, dans mes vers, que des mots pour ainsi dire usuels des mots qui sont dans le Petit Larousse. Seulement, j’ai le souci de les restaurer dans leur signification vraie ; et je crois qu’il est possible, avec de l’art, d’en retirer des effets suffisants de couleur, d’harmonie, d’émotion.

Quant à la Renaissance romane, elle me paraît mieux théoriquement déduite que logiquement réalisable. On part de ce fait, vrai, que les seules époques réellement poétiques de notre littérature sont le douzième, le treizième, le seizième siècles, et l’époque romantique directement influencée par le seizième siècle, et que, par conséquent, un renouveau poétique à l’heure présente doit se retremper au treizième siècle. Je vous l’ai dit, je ne suis pas du tout