Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
ENQUÊTE


M. CHARLES VIGNIER


Dans la biographie qu’il a écrite de M. Maurice Barrès, M. Moréas écrivait : « Lui (Barrès), Charles Vignier, Laurent Tailhade et moi, nous formions à nous quatre, à cette époque, le ban et l’arrière-ban de ce qui fut depuis appelé : Décadence, Déliquescence, Symbolisme, ou d’un autre vocable. » J’ai vu M. Barrès, M. Laurent Tailhade s’est expliqué, Moréas aussi ; j’apporte aujourd’hui, pour être complet, l’avis de M. Charles Vignier, le non moins piquant des quatre.

M. Vignier est en moment en Angleterre, où il se retrempe aux sources d’un préraphaëlisme confortable. Éloigné du bruit de la lutte, s’il a perdu un peu de passion, il a conservé toute sa mémoire et toute sa finesse. Voici la lettre qu’il m’a écrite :

« Vous désirez connaître mon avis touchant la décrépitude du Naturalisme et l’avenir des formules nouvelles, dont le Symbole. Ceci tuera-t-il cela ? Et la sauce ? Et les contingences ? Et le reste ? Qu’on souffre que je me mette à l’aise : Naturalisme, Néo-Réalisme, Psychisme, Synthétisme, Symbolisme, Décadisme, (Verlaine a sacré ce vocable) Trombonisme (ça, c’est la religion de M. Ghil, une petite religion d’arrière-boutique), autant de mots d’argot ; autant de cocardes