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Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/174

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ENQUÊTE

répandit pêle-mêle et ses débris devinrent la Vérité, c’est-à-dire le moindre : I’ici-bas. »

Mon apologue révèle un univers fait du châtiment de la capricieuse Beauté dont la substance gît, en désordre, attendant le talisman qui réhabilitera son équilibre et sa cohésion d’antan. Je cherche donc les lignes de la Beauté parmi la Vérité, son essence parmi Dieu, puisqu’en lui permane l’intègre et vierge Idée de la Beauté. La Beauté étant la forme de Dieu, il appert que la chercher induit à chercher Dieu, que la montrer c’est le montrer. Et l’on trouve le Bien par le seul fait que l’on trouve la Beauté, en dehors même de toute marotte didactique. Le rôle du Poète consiste donc en ceci : réaliser Dieu. L’œuvre du Poète est une création, mais une seconde création, puisqu’il met à contribution les membres de Dieu.

Le Poète a pour boussole son intuition. La Beauté, châtiée, qui rôde parmi l’imagination humaine, lui sussure sa nostalgie. Nous devons noter la qualité de cette nostalgie. La Beauté brisée ne retrouvera sa perfection qu’à travers son grand regret de la Splendeur perdue : le Poète est le chancelier de ce regret.

On le voit, mon idée-réalisme est un arbre immense ayant ses racines en Dieu, ses fruits et sa frondaison ici-bas. Les sensations nous apprennent les fruits, l’esprit dialecticien remonte à l’amande du noyau de ces fruits, cette amande mène l’esprit aux rameaux, et ces rameaux d’Ézéchiel conduisent l’esprit vers les