Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
ENQUÊTE

» Eh bien, d’après un de vos interviewés, M. Paul Adam (l’auteur de Chair molle lui-même, un simple naturaliste en révolte), le naturalisme aujourd’hui ne battrait tellement que d’une aile qu’il n’y aurait plus que deux naturalistes « purs ». Et ces deux purs seraient : l’auteur de l’Argent et… l’auteur de Madame Meuriot.

» Ici, permettez-moi d’ouvrir une parenthèse. Pour rien au monde je ne voudrais avoir l’air de chercher à faire une réclame à ce livre. Aussi ne me coûte-t-il nullement de reconnaître que, jusqu’ici du moins, cette œuvre n’a été sérieusement discutée qu’au delà de la frontière, en Russie, surtout en Italie. Tandis qu’en France, à part MM. Philippe Gille, Albert Delpit, Montorgueil et Auguste Filon, qui m’ont consacré quelques lignes trop bienveillantes, mes confrères n’ont encore accordé à Madame Meuriot que du silence et du dédain. Et la maison Hachette, par là-dessus, a eu la cruauté de lui interdire les gares… Pauvre Madame Meuriot ! Eh ! c’est bien fait, d’ailleurs ! Cela t’apprendra de n’avoir pas mieux choisi ton moment ! Malheureuse, tu auras payé pour Monsieur Betsy.

» Donc, si j’avais l’honneur d’être, à moi tout seul, la moitié du naturalisme, — M. Paul Adam et ses amis me font vraiment trop d’honneur, — possible qu’après Madame Meuriot, le naturalisme fût très malade. Seulement ces jeunes gens semblent oublier