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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

plus intéressant, je pense, que celui de M. Sarcey qui en encombre les colonnes de trois cents journaux tous les jours ! Et je considère son dernier livre, son Jardin de Bérénice comme un pur chef-d’œuvre ; c’est très grand, très élevé, cela, et c’est plein de préoccupations très nobles. Les psychologues ! Je sais bien que le mot est devenu assommant, mais, enfin, il y en a de toutes les sortes. La psychologie de Bourget, c’est un peu de la psychologie de carton écrite par un cerveau d’une intelligence et d’une variété extraordinaires, mais c’est aussi, hélas ! de l’excellent snobisme ; et celle de Paul Hervieu est vraiment extraordinaire ; son Inconnue est l’œuvre d’un des hommes les plus doués de ces temps-ci.

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Ils attendent un Messie ! Quel Messie ? Mais à aucune époque de la littérature il n’y a eu une pareille floraison d’art. À part les gens qui personnifient notre siècle avec M. Meilhac et M. Halévy, qu’est-ce que les esprits les plus difficiles demandent de plus que Mallarmé, que Verlaine, que Mendès, que Zola, que Mærterlinck, que Tailhade ? Mendès ! Où est-il le poète plus exquis, plus poète, plus personnel ! Oui, plus personnel, car, enfin, elle est finie cette légende de Mendès imitateur d’Hugo et de Leconte de Lisle ! Écoutez ce vers d’Hespérus :

Un jet d’eau qui montait n’est pas redescendu.