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ENQUÊTE

avant tout l’homme politique de la bande, l’homme qui mit en œuvre, non sans habileté, du reste, et non sans puissance, les éléments d’art que Balzac, Flaubert et Goncourt lui ont fournis. Il vous a dit qu’il ferait peut-être l’autre chose qui est à faire pour remplacer le naturalisme. Eh bien ! ce sera tant pis, car il la fera mal, et gâchera et compromettra la besogne à laquelle d’autres pourvoieraient beaucoup mieux…

Pour Daudet, on ne peut le rendre responsable d’aucune des étroitesses théoriques du naturalisme, vu qu’il n’a jamais admis une doctrine unique en art ; aussi a-t-il une vision très tolérante et très indulgente des êtres : c’est un créateur de types.

— Quelle est, selon vous, l’autre chose ?

— L’autre chose c’est une littérature plus complexe, plus haute… c’est une marche vers l’élargissement de l’esprit humain, par la compréhension plus profonde, plus analytique et plus juste de l’univers tout entier et des plus humbles individus, acquise par la science et par la philosophie des temps modernes. La vérité n’est pas dans les extrêmes, et les psychologues sont tout aussi incomplets que leurs rivaux ; leur conception de l’âme est également étroite.

Cette vision étriquée de la vie les a menés tout droit au pessimisme.

L’autre chose sera donc aussi une réaction contre