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Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/257

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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

années… surtout dans le sens de ceux qui l’inquiètent le plus… Il a toujours très bien profité de ses lectures, d’ailleurs. C’est une justice que je lui rends, d’autant plus volontiers qu’en somme il parle comme je parle depuis deux ans dans la Revue indépendante.

Il était, en effet, évident depuis longtemps pour moi que la fin du naturalisme était proche, qu’elle s’imposait par excès de matérialisme triomphant, par excès d’inclairvoyance et d’incompréhension de notre époque ; il était tombé à la pire des chinoiseries ; c’était l’application médiocre d’une théorie étroite et mesquine, de l’école. Je dis de l’école, car il ne faut pas rendre responsables de ce résultat les figures du naturalisme, mais bien ceux qui ont constitué l’école. Il faut bien distinguer entre les créateurs du réalisme, et ceux qui les ont suivis.

Les premiers naturalistes furent des êtres nécessaires, ils furent les apporteurs de choses nouvelles, bien plus que leurs rivaux les idéalistes ; car M. Renan, par exemple, malgré sa facilité à manier les idées générales, ne m’apparaît pas comme un esprit créateur, au contraire de Flaubert et des Goncourt qui n’ont pas cette aptitude, mais qui surent apporter à la littérature les éléments féconds qui lui manquaient.

Quant à Zola, son rôle dans le naturalisme a été de deuxième ordre ; il n’a pas été un créateur, mais