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ENQUÊTE

rimé, et tous ses mauvais vers sont « rimés comme des cochons » :


Un pas retentissant fait tressaillir la nuit…
C’est toi, maigre Rolla ? que viens-tu faire ici ?


Mais, je vous le répète, je ne suis pas entêté, si on trouve le moyen, avec la rime pauvre, d’obtenir des effets plus variés, plus étranges, je suis d’accord, je ne demande qu’à voir.

Quant aux allitérations, je pense que les jeunes poètes ont raison d’en faire… lorsqu’elles se présentent. Mais je ne comprendrais pas qu’on en fît un système. L’allitération est un charme que le poète emploie sans s’en apercevoir, que le lecteur subit sans s’en rendre compte non plus. Chez les romantiques et chez les parnassiens, il s’en trouve de fort belles.

Tenez, dans Hugo, celles-ci :


Le pêcheur de corail vogue en sa coraline,
Frêle planche que lèche et mord la mer féline.


Hein ! ce deuxième vers, est-ce assez l’ondulation du flot, interrompue par mort et répétée par mer et reprise par féline ! Est-ce assez joli !

Et celle-ci, de Leconte de Lisle :


La palpitation des palmes !


N’est-ce pas ? ça fait du vent !