j’ai dit ce vers dont la pose avouée se dément dans la suite même du poème :
Pas de sanglots humains dans le chant des poètes !
on a conclu que les Parnassiens étaient ou voulaient
être des Impassibles ! Où la prend-on, où la voit-on
cette sérénité figée, cette sécheresse dont on
nous affuble ? Chez qui ? Pas chez Glatigny, ce Villon
moderne. Pas chez Sully-Prudhomme, toujours inquiet
des problèmes qui bouleversent l’âme humaine.
Pas chez de Hérédia, ce mangeur de rubis et de chrysoprases,
fou de joie et de lumière ! Pas chez Coppée,
si moderne ! Pas chez Dierx, ce rêveur et cet attendri…
Et M. Mendès, ici, s’arrête, et dit :
— Quand je nomme Dierx, voyez-vous, je suis obligé de m’interrompre, plein de respect ; car je vois en lui le plus pur et le plus auguste et le plus sacré poète de nos générations.
Puis il reprend :
— Ça n’est pas chez Banville non plus, ce poète débordant de joie, lyrique comme Orphée et terrible comme Balzac ! Où donc, alors ? Chez Silvestre ? un des plus grands lyriques du siècle, qui monte tout le temps en ballon et dont les vers sont grands, sont hauts, sont bleus comme l’éther lui-même ! Pas chez Leconte de Lisle qui fut et demeure le maître de nos