Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/349

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

poètes très originaux, et ce sont précisément des témoins de la puissance d’expression et de la féconde diversité qu’on peut trouver dans la langue poétique actuelle.



M. ARMAND SILVESTRE


— Que voulez-vous que je vous dise, maintenant ? La question a été retournée sous toutes ses faces par Leconte de Lisle, Mendès, Coppée, — et vraiment, je ne peux plus que répéter ce qu’ils vous ont dit.

Mais comme j’insistais :

— Je ne suis pas de ceux que révolte l’idée d’une nouvelle forme prosodique, mais la question ne me touche pas, n’étant plus d’âge à en pouvoir user, et l’ancienne, — celle de l’admirable Petit traité de poésie de Théodore de Banville, — ayant produit assez de chefs-d’œuvre pour satisfaire les aspirations des poètes les plus ambitieux.

D’ailleurs, j’attendrai, pour croire à cette révolution, que la formule nouvelle ait reçu l’autorité d’un maître.

Dans tous les cas, le maître ne peut pas être Moréas. Moréas est un charmant poète grec, mais je ne le reconnais pas pour un poète français, la sève originelle d’une race résidant précisément dans sa poésie.