Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/393

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
367
SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

viendra, avec ses joies et ses amertumes, puis l’enfant… puis le malheur aussi peut-être… Et ce jour-là, ils le feront, leur livre, celui qui reste, en dehors et en dépit de toute formule. Qu’est-ce que ça fiche que ça soit du naturalisme ou n’importe quoi… Ainsi regardez ce sacré Zola. C’est un lourdaud, il n’a pas d’esprit, il est Italien, mais il a du tempérament, et il l’a trouvé, son livre : l’Assommoir ! un fameux bouquin ! et qui restera, j’en suis sûr !


Et sautant brusquement à un siècle en arrière :

— Tenez ! c’est comme Bernardin de Saint-Pierre ! c’était un cochon, un sale noceur ; eh bien, un jour, il a une vision : il s’emballe sur une sensation plus vive de la Nature et il fait ce merveilleux « roman » de Paul et Virginie !

Suivre son tempérament, il n’y a que cela ! Et après, si l’envie vous prend de changer de sujet et de forme, pourquoi pas ? Balzac a fait le Lys dans la vallée, et Vautrin et la Peau de chagrin et les Contes drôlatiques ; si j’ai l’idée d’un sonnet, vous ne me forcerez jamais à en faire un roman, et si je conçois un drame, j’aimerais mieux me faire… infibuler — que d’en faire un vaudeville. S’il me passe par la tête une idée de tableau, je fais de la peinture, et comme il me plaît. Mais ne nous enfermons pas dans une théorie. Ainsi j’ai été l’autre jour au Salon du Champ-de-Mars. Eh bien ! il y a un tas de petits peintres — depuis que