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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

Il me semble que c’est après coup, longtemps après, quand elle est terminée, qu’une évolution littéraire peut donner matière à une enquête sérieuse. On la juge alors, non sur les théories, qui passent, mais sur les œuvres qui restent, s’il en reste.

Pour le moment, votre enquête ne m’a pas appris grand’chose. Elle m’a seulement évoqué le tableau d’un marécage pestilent, aux eaux de fiel, où se dressent quelques taureaux et où ruminent quelques bœufs, tandis qu’entre leurs pieds s’enflent des tas de grenouilles coassant à tue-tête : « Moi, moi, moi ! »

C’est sans doute divertissant pour la galerie ; mais ce n’est pas gai pour ceux qui aiment les lettres.

Et telle sera, hélas ! je le crains, la triste moralité de votre livre.

Veuillez agréer. Monsieur et cher confrère, l’assurance de mes dévoués sentiments.

Jean Richepin.



M. MAURICE BOUCHOR


M. Boucher a débuté avec MM. Richepin, Ponchon et Bourget, dans le groupe des Vivants, qui a été la première opposition, en dehors du naturalisme, au groupe des Parnassiens. N’est-ce pas dans ses Chan-