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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

un peu plus tard la Revue indépendante, où il fit une campagne critique des plus originales et des plus brillantes. Théoricien subtil et fécond, il est, à l’heure présente, l’une des têtes des jeunes générations littéraires.

La consultation que j’ai tirée de lui se divise en deux parties : une lettre qu’il m’a écrite de Bruxelles, et une conversation ; la première toute théorique, la seconde toute pleine de jugements sur les écrivains de ce temps.

Comme M. Gustave Kahn se tient depuis plusieurs années à l’écart des milieux littéraires, qu’il a rompu avec toutes ses anciennes relations, j’ai pensé que ses ex-camarades seraient heureux de savoir en quel sens ses opinions ont pu évoluer à leur égard.

Voici, d’abord, sa lettre :


Monsieur,

Avant de chercher à définir le symbolisme actuel, il faudrait délimiter le point d’unité qui rassemble tant de gens divers sous la même étiquette, malgré des prétentions opposées et des vouloirs différents. Ce point d’unité est une haine commune du naturalisme, et non tant des anciens naturalistes que de leurs élèves les plus récents qui ne sont que néant.

De même que des jeunes gens lassés du lyrisme vague des derniers romantiques inventèrent le document