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De ton époux encor tu chériras l’image, Car son dernier adieu sera le dernier gage Des tendres sentiments qu’il te voue aujourd’hui ! J. G. Bakthb.

1838.


LA VOIX D’UNE OMBRE.

Quels sont, ô mon pays, cet ébat sanguinaire,
Cette ardeur parricide, et ces débris fumants !
Pleure, oh! pleure du sang!... comme un drap funéraire,
De neige un froid linceul étreint tes fils mourants !

Le voilà donc enfin ce volcan politique
Soufflant au cœur de tous sa lave frénétique :
De son brûlant cratère il sort comme un géant,
Le regard plein de feu, les mains teintes de sang :
De l’insurrection c’est le tocsin qui sonne,
La haine qui rugit et l’airain qui résonne,
C’est le meurtre en orgie et qui l’écume aux dents
Déchire encore les morts et poursuit les vivants ;
Seule au milieu des coups, joyeuse et triomphante,
C’est la mort qui saisit sa moisson palpitante.
Fatal aveuglement ! délirante fureur !
Hélas ! ils sont tombés victimes de l’erreur ;
Ils tombent chaque jour nos trop malheureux frères,
Égarés par leurs cœurs, braves mais téméraires,
Coupables envers eux autant qu’envers la loi,
Et martyrs Vendéens, s’ils n’attaquaient leur roi.
L’amour de la patrie égara leur courage,
Traîtres par désespoir ils ont bravé l’orage.
Le sort les déifiait s’il les eût faits vainqueurs,
Mais vaincus, non sans gloire, ils n’ont point de vengeurs.
Éternels monuments des vengeances humaines,
St-Charles ! St-Eustache ! ô trop funestes plaines,
Où conduits à regret tant de braves soldats,
Sans armes, sans drapeaux, affrontaient les combats ;
Vos tombeaux, vos déserts, vos sanglantes ruines,
Inévitable effet des guerres intestines,
N’attestent que trop bien leur coupable valeur.
Mais, silence ! quelle est, en cette nuit d’horreur,