Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
de l’homme et des animaux.

quant aux animaux, qui, en vertu de leur structure anatomique, doivent être mis dans tel ou tel ordre.

Personne ne conteste, par exemple que le paresseux et le fourmilier, le kanguroo et l’opossum, le tigre et le blaireau, le tapir et le rhinocéros ne soient respectivement membres des mêmes ordres. Ces couples successifs d’animaux peuvent différer immensément l’un de l’autre, et tel est le cas pour plusieurs d’entre eux, soit en ce qui touche les proportions et la structure des membres, soit en ce qui est du nombre des vertèbres dorsales et lombaires, soit encore en ce qui concerne l’adaptation de leur charpente osseuse aux mouvements du grimper, du saut ou de la course, ou bien quant au nombre et à la forme des dents, soit enfin quant à la forme de leur crâne et du cerveau qu’il renferme. Mais, malgré toutes ces différences, ils sont si étroitement unis, quant aux caractères plus importants et fondamentaux de leur organisation et, par ces mêmes caractères, si profondément séparés de tous les autres animaux, que les zoologistes ont trouvé nécessaire de les réunir en groupe comme membres du même ordre. Et si quelque animal était découvert qui ne s’éloignât pas du kanguroo ou de l’opossum, par exemple, plus que ces animaux ne s’éloignent l’un de l’autre, le zoologiste serait non-seulement forcé de le classer dans le même ordre que ceux-ci, mais il ne songerait pas à en agir autrement.

Ayant présente à l’esprit cette série de raisonnements zoologiques évidents, efforçons-nous, pour un moment, de détacher notre esprit de l’enveloppe humaine ; imaginons, si vous le voulez bien, que nous sommes de savants habitants de Saturne, parfaitement au courant des animaux qui peuplent la Terre et fort occupés à discuter les relations qu’ils peuvent avoir avec un nouvel et singulier « bipède droit et sans plumes, » que quelques voyageurs