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rapports anatomiques

absentes chez l’homme, et les dispositions et proportions différentes de quelques circonvolutions, que le cerveau du chimpanzé et de l’orang puisse être anatomiquement distingué de celui de l’homme.

Il est donc bien clair qu’en ce qui touche la structure du cerveau, l’homme diffère moins du chimpanzé ou de l’orang que ceux-ci n’ont jamais différé des singes inférieurs, et que les dissemblances du cerveau de l’homme et du chimpanzé sont à peu près insignifiants, si on les compare à celles qui existent entre l’encéphale du chimpanzé et celui des lémuriens.

Cependant on ne doit pas oublier qu’il y a dans le volume et le poids du cerveau de l’homme le plus inférieur, et celui de l’anthropomorphe le plus élevé, une différence frappante — différence qui, à tous égards, devient encore plus saisissante, si l’on se rappelle qu’un gorille adulte atteint probablement bien près du double du poids d’un boschimen ou d’une femme européenne. On peut mettre en doute, d’une part, que jamais le cerveau d’un homme adulte et sain ait pesé moins de 960 ou 990 grammes (31 ou 32 onces) ; et, d’autre part, que le cerveau du gorille le plus lourd ait dépassé 620 grammes.

C’est là un fait digne de remarque, et qui, sans nul doute, nous aidera quelque jour à donner une explication de la distance énorme qui existe entre le pouvoir mental de l’homme le plus inférieur et celui du singe le plus élevé ; mais il n’a qu’une valeur théorique très-minime, parce que la différence, dans le poids du cerveau, entre l’homme le plus élevé, le plus inférieur, est bien plus grande, relativement et absolument, que celle qui existe entre l’homme inférieur et le singe le plus élevé : on a pu le déduire de ce que nous avons dit plus haut sur les capacités crâniennes. Le singe le plus élevé, en effet,