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rapports anatomiques

peut être représenté absolument par environ 12 onces de substance cérébrale ou relativement par 32 : 20. Mais comme le cerveau humain le plus volumineux que l’on ait observé pèse de 65 à 66 onces, la différence se mesure absolument par plus de 43 onces et relativement par 65 : 32. Examinés systématiquement, les différences cérébrales de l’homme et des singes n’ont donc de valeur que pour le genre, la distinction de famille reposant principalement sur la dentition, le bassin et les membres inférieurs.


J’ai dit plus haut que les différences de poids entre les cerveaux aideraient à donner une explication de la distance mentale de l’homme au singe : je ne crois, en aucune façon, en effet, que cela puisse suffire, et que ce soit une différence primitive dans la quantité ou dans la qualité de substance cérébrale qui a déterminé la divergence des souches humaine et pithécoïde, qui aboutit au « gouffre énorme » qui existe entre elles. Il est, en un certain sens, parfaitement vrai que toutes les différences de fonctions sont le résultat d’une différence de structure, ou, en d’autres termes, d’une différence des forces moléculaires primitives de la substance vivante ; et, partant de cet incontestable axiome, nos contradicteurs, avec des raisons en apparence très-plausibles, disent parfois que la distance entre les fonctions intellectuelles de l’homme et du singe implique une distance correspondante dans la constitution anatomique des organes de ces fonctions ; et l’on ajoute souvent que, de ce que ces différences n’ont point été constatées, il ne suit pas qu’elles n’existent pas, mais seulement que la science est incapable de les découvrir. Un peu de réflexion montrera cependant l’erreur de ce raisonnement ; toute sa valeur repose sur cette supposition que le pouvoir intellectuel dé-