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de l’homme et des animaux.

de même, le physicien philosophe peut admettre, quant à la lumière, la théorie des ondulations, à la condition qu’on lui démontrera qu’il existe un éther encore hypothétique ; de même encore, le chimiste peut reconnaître la théorie atomique, pourvu qu’on lui fournisse la preuve de l’existence des atomes ; et j’adopte cette théorie exactement pour les mêmes raisons, à savoir : parce qu’elle a pour elle à première vue une grande somme de probabilité ; qu’elle nous offre le seul moyen à notre portée de mettre en ordre le chaos les faits observés, et enfin parce qu’elle constitue le plus puissant instrument de recherches qui ait été donné aux naturalistes depuis la découverte de la méthode naturelle de classification, et depuis le commencement des études systématiques d’embryologie.

Mais, même si nous laissons de côté les vues de M. Darwin, nous pouvons reconnaître que l’analogie de tous les actes naturels fournit un argument solide et décisif contre l’intervention de toute cause autre que celles que l’on a appelées secondes dans la production des phénomènes que nous montre l’univers ; de sorte qu’en présence des rapports étroits qui existent entre l’homme et le reste du monde vivant, ainsi qu’entre les forces déployées par ce monde et toutes les autres forces, je ne vois aucune raison pour mettre en doute qu’elles forment une série coordonnée et sont les termes de la grande progression de la nature — de l’être informe à l’être qui a une forme propre — de l’inorganique à l’organique — de la force aveugle à l’intelligence consciente et à la volonté.


La science a accompli sa fonction quand elle a vérifié et énoncé la vérité ; et si ces pages n’étaient adressées qu’aux savants de profession, je m’arrêterais ici, sachant que mes confrères ont appris à ne respecter que les choses démon-