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de l’homme et des animaux.

reconnaîtront, dans les lents progrès à travers les âges écoulés, des motifs raisonnables pour croire à la réalisation d’un avenir plus noble. Ils se rappelleront que celui qui compare l’homme civilisé au monde animal est comme le voyageur qui voit les Alpes s’élancer vers le ciel, et distingue à peine où finissent les roches couvertes d’ombres épaisses et les sommets rosés, où commencent les nuages du ciel ; qui ne l’excuserait si tout d’abord, frappé d’admiration, il se refusait à croire le géologue qui lui dirait qu’après tout ces masses splendides sont faites de la vase durcie des mers primitives ou des laves refroidies de ces volcans souterrains, dont la substance est la même que celle de l’argile la plus grossière, mais qui sont soulevées par des forces intérieures à ces fières et, en apparence, inaccessibles hauteurs ?

Le géologue a cependant raison ; et si l’on réfléchit sur ses leçons, au lieu de voir diminuer notre respect et notre admiration, toute la force d’une sublime intelligence viendra s’ajouter au sentiment esthétique purement intuitif d’un observateur ignorant.

Et quand les passions comme les préjugés auront disparu, les mêmes effets résulteront des enseignements du naturaliste en ce qui concerne les Alpes et les Andes du monde vivant : l’homme. Notre respect pour la dignité humaine ne sera pas amoindrie par l’idée que l’homme est dans sa substance et dans son organisation un avec les animaux, car seul il possède la merveilleuse propriété du langage rationnel et intelligible, grâce auquel, dans la période mille fois séculaire de son existence, il a lentement accumulé et systématisé les résultats de l’expérience, qui sont presque entièrement perdus chez les autres animaux avec la cessation de la vie individuelle. En sorte qu’il s’élève aujourd’hui, appuyé sur cette base comme sur le sommet